Plus tout à fait une jungle et pas vraiment un marécage, la mangrove de Fauglith est à mis chemin entre les deux. Bordée au nord par les marais de fauglith et à l’ouest et au sud par la jungle de fauglith, elle est traversée par le delta du fleuve Fauglith qui se jette dans la mer intérieure.
Sa végétation, majoritairement composée des immenses palétuviers géants qui forment en leur sommet la canopée, est moins dense et moins inextricable que dans les hautes terres équatoriales la bordant. Pour autant, la mangrove n’en reste pas moins aussi difficile et dangereuse à parcourir que la jungle.
Tout d’abord le sol, en très grande partie recouvert d’eau plus ou moins stagnante, il n’est praticable qu’en radeau. Un connaisseur habitué à la mangrove et sa nature pourrait trouver des "pistes" allables à pieds, mais il devrait progresser lentement dans l’eau omniprésente.
La faune, ensuite, est dangereuse et pernicieuse si l’on ne sait la reconnaître. Plusieurs espèces de serpents parmi les plus mortels de Seleneï vivent dans la mangrove. Notamment le terrible Mambaë dont la morsure peut foudroyer un individu en quelques secondes seulement. Les piranhas, poissons carnivores capable de dépecer un cheval en quelques minutes lorsqu’ils sont en nombre suffisent, hantent les zones les plus profondes de la mangrove. Mais l'un des dangers les plus sournois de la faune mangrovienne reste tout de même la larve du moustique fiévreux. Ce dernier vous pond traîtreusement son stock d'oeufs sous la peau et, une fois éclosent, les larves remonte lentement jusqu'au coeur pour s'en nourrir causant une mort effroyablement douloureuse. Le moustique doit son nom au seul symptôme trahissant la présence des larves : une forte fièvre.
La flore n'étant pas en reste, ce sont de véritables embûches qu'elle dresse sur le chemin du voyageur insouciant. La liane étrangleuse lovée autour des troncs des palétuviers tel le simple et inoffensif lierre chenu attend patiemment de s’enrouler autour d’une potentielle et malheureuse proie. Les champignons sporifères, qui poussent également sur les tronc géants, libèrent sporadiquement leur cargaison de spores empoisonnés et quasi indétectable. Le mucus bulbeux, fréquent et enfoui sous la surface des eaux peut profondes, crache un puissant gaz soporifique et hallucinogène, pour peut que le maladroit "promeneur" ne sachant pas reconnaître les signes de sa présence mette le pied dessus. Sans oublier la rarissime et carnivore aragone qui, si l’on a la malchance de trouver, reste malgré sa splendeur l’un des pires fléaux de la mangrove.
Enfin et c’est certainement le plus terrifiant ; il paraîtrait qu’un vieux et irritable dragon noir vivrait au coeur de la mangrove, dans les ruines d'une très ancienne civilisation perdue.
Bref, la mangrove recèle bien des dangers. Mais aussi bien des secrets à découvrir. Secrets qui attirent parfois des aventuriers avides de gloire et de sensations fortes.
Hélas, rare sont ceux qui peuvent se targuer en être revenu indemne et surtout vivant pour en conter les légendes.
… L’une de ces légendes raconte l’existence d’un roi qui vivrait au plus profond de la mangrove. Il se ferait appeler le roi sève et règnerait sur l’ensemble de la mangrove. Nul ne saurait dire si la légende n’est que conte affabulatoire ou vérité, mais il faut bien admettre qu’ils sont peut nombreux ceux qui ont tenté de braver les danger de la mangrove pour vérifier une telle légende. En effet, seul un fou voudrait revendiquer une terre aussi inhospitalière comme son royaume. Sans compter qu’un roi, en ce lieu, n’aurait guère que des ruines sans aucuns sujets sur lesquels gouverner.
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Dans la mangrove de Firimar, assis sur une haute branche au sommet d’un gigantesque palétuvier, un alvä dominait la canopée. Ainsi placé, il savourait un bain de soleil qui eut été impossible quelques mètres plus bas.
Le ciel bleu illuminait l’horizon tandis que des oiseaux volaient dans son azur. Non loin de là, sur un arbre voisin, un dragonnet étonnamment multicolore somnolait paresseusement. Il était entouré du vol erratique de quelques papillons exotiques qui semblaient vouloir rivaliser avec lui en couleurs fantaisistes. Sous la canopée on entendait les cris d’une bande singes arboricoles et, en fond, les autres bruits familiers de la faune habitant la mangrove.
Ainsi était la vie de celui qui se faisait appeler le roi sève, seigneur de la mangrove. Exilé au cœur meurtri, il avait jadis trouvé asile dans ce qu’il considérait désormais comme son royaume paradis.
Il vivait seul avec pour unique compagnie un dragonnet nommé Astraanir qu'il aimait à surnommer son drako-fée. Il vivait seul et jamais ne s’en plaignait. Il n’avait certes pas oublié d’où il venait et qui il avait été, mais il avait renié tout le passé de sa vie avant son bannissement. Pour autant, parfois, il sentait peser sur lui le poids de la solitude. Bien sur Astraanir était d’une grande compagnie pour lui. Le drako-fée savait même tenir de grandes conversations philosophiques, parfois. Mais l’alvä était obligé de reconnaître qu’en de rares occasions, la compagnie de ses semblables lui manquait quelque peut.
Il fallait dire aussi que sa dernière rencontre avec un être pensant autre que son compagnon draconique remontait à plus de cinq cent années. Il se rappelait clairement ce jour, un jour pluvieux, ou il avait sauvé Astraanir et ou tout deux s’était liés par le serment sacré des dragons.
Ainsi perdu dans ses rêveries, le roi sève finit par s’assoupir paisiblement dans les bras de celle qu’il chérissait, la nature sauvage... .
