Salle de Réception

[Lingwe]

Cela faisait trois jours qu'elle voyageait sur la Mer Intérieure. La chaleur était de plus en plus accablante, et la Reine avait hâte d'arriver. Quand enfin ils accostèrent au port, elle fut accueillie par une certaine Leyna.
Celle-ci la mena au palais dans la plus grande discrétion. Derrière elles : les deux soldats, les trois chevaux et le mulet portant la cassette d'Eléa.

Elle fut menée dans la salle de réception. Immense, lumineuse et totalement vide hormis quelques chaises.. Eléa se dit qu'une fête ici devait être grandiose. La petite Reine alla s'asseoir sur une chaise.
Elle était vêtue d'une robe très fine, très légère pour ne pas avoir trop chaud de couleur rose très pâle et de ballerine blanche. Elle avait relevé ses cheveux sur le haut de son crâne et avait mis un petit diadème fait d'or blanc et de diamant.
Elle se mit à regarder par la fenêtre, rêveuse, fredonnant doucement l'air d'une chanson dont elle avait oublié le nom.
Elle trouverait quelque chose ici, elle le savait, elle avait cette impression de déjà-vu, comme si elle était déjà venue ici.

Les deux soldats s'occupaient des chevaux, tandis que Leyna faisait amener ses bagages dans ses appartements et prévenait le Gouverneur de son arrivée.
Quand celui-ci entra, elle sursauta et se leva, un grand sourire aux lèvres. Son coeur se serra brusquement. Elle connaissait cet homme... Elle lui tendit la main pour qu'il l'embrasse.

"Bonjour cher ami, je vous remercie de votre accueil, et de bien vouloir répondre à ce caprice en quelques sortes." ^^

Non, elle n'avait pas changé. Toujours aussi souriante, juste un peu plus mûre physiquement et moralement.

Arkam avait donné ses instructions pour recevoir au mieux l’ambassadrice Sen’yo. Seulement, et il aurait du s’en douter, ses conseillers insistaient afin d’accueillir eux aussi la jeune femme dès son arrivée. Ainsi quand le gouverneur entra dans la vaste salle, il fut suivit d’une dizaine d’hommes richement habillés, mais ayant pour certains une allure grotesques ou peu avenante. Pour sa part, le prince atalantea portait une fine tunique noire brodée de fil d’argent et un pantalon ample noir fait d’un tissu extrêmement souple. Sandales aux pieds, il arborait des bracelets d’argent finement ciselés aux chevilles et aux poignets, ainsi que deux trois chaînes et colliers du même métal autours du cou. Ses longs cheveux clairs avaient été tressés et relevé afin de lui dégager la nuque.
Alors que les autres hommes commençaient à s’installer, Arkam s’avança d’un pas souple et élégant, pleinement confiant en lui, vers la petite reine qui lui faisait face. Il la trouvait toujours aussi charmante… surtout dans cette tenue légère et un brin transparente. Ce fut donc avec un petit sourire aux lèvres qu’il se saisit de la main tendue et fit mine d’y déposer un baiser.

« Damoiselle ambassadrice, c’est un ravissement de recevoir une beauté pareille en mon palais. Soyez la bienvenue à Fìrimar. »

Il lui adressa un regard pétillant et garda captive la main tendue, l’incitant à le suivre jusqu’à la table où attendait ses conseillers rabat joie. Il profita du court trajet afin de lui glisser à l’oreille :

« Ils tiennent absolument à vous rencontrer tout de suite, malgré mes oppositions. Mais ne vous en fait pas, je vais régler ceci. »

Il lui présenta une chaise sur laquelle elle pourrait prendre place.

« Damoiselle, laissez moi vous présenter mes conseillers… En entendant parler de votre venue et connaissant de réputation la beauté des femmes d’Oniria, ils n’ont pu résister à l’envie de venir vous rencontrer sans même vous laissez le temps de vous reposer de votre long voyage !

_ Seigneur Arkam ! Nos raisons n’ont nullement à voir avec cela !

_ Vraiment Monsieur Elias ? Mais alors ne trouvez vous pas grossier de venir ennuyer notre invité dès son arrivée ? »

Le conseiller se tut devant le regard féroce et l’agacement sous jacent dans la voix du prince. D’ailleurs, cela ne mit pas que lui seul dans l’embarras, mais toute la petite assemblée devint nerveuse. Après de brèves présentations et quelques compliments d’usages, les conseillers laissèrent le gouverneur seul avec l’ambassadrice et sa petite suite.

« J’espère qu’ils ne vous auront pas trop importunés Dame Eléa. »

"Merci Monseigneur Kandarar. Je vous remercie de votre accueil discret..."

Eléa remarqua les conseillers et soupira intérieurement. Ils sont donc tous pareils, aussi collants et lourds ? Arkam lui souffla un mot et elle fit un sourire complice et un clin d'oeil.

"D'accord."

Il la mena aux conseillers qui se levèrent tous et lui présenta une chaise. Elle s'assit avec grâce et tous suivirent, Arkam s'assit à sa droite. Elle eut un sourire amusé quand il parla de sa beauté, et elle rougit légèrement. Elle savait très bien qu'elle était belle, mais elle était loin de s'en vanter. En réalité, elle était la plus belle femme, non pas d'Oniria, mais de Seleneï même.

"Mais ils ne me dérangent pas malgré le fait que je suis très fatiguée..." fit-elle en restant polie, mais en en rajoutant une couche.

L'air irrité d'Arkam et les remarques d'Eléa eurent raison de la nervosité et de la faible volonté des conseillers. Au bout de quelques compliments et de toutes les présentations, ils furent enfin libres.

"J’espère qu’ils ne vous auront pas trop importuné Dame Eléa.
- Oh, vous savez, j'ai les même chez moi !"

Elle eut un rire clair et doux, puis elle saisit le bras d'Arkam. Elle s'approcha de son oreille et dit tout bas :

"Pouvons-nous aller dans un endroit plus... Plus intime ?"

Il l'emmena dans un endroit où ils pourraient parler librement et elle se posa près de la fenêtre.

"Cher ami, je dois vous dire la raison de ma visite... Je suppose que vous êtes au courant de ma perte de mémoire, ce n'est pas un secret d'Etat malheureusement, et je cherche à en savoir plus sur moi et mon passé. J'espérais donc que vous m'apportiez votre soutien et votre aide."

Elle marqua une courte pause et, toujours en regardant par la fenêtre, continua.

"Ce qui m'a amené ici ? Une simple intuition, un sentiment qui me pousse à venir vous voir à Anfauglith, cette impression qu'il s'est passé ici quelque chose d'important à côté duquel je ne dois pas passer."

Elle se retourna vers le prince Atalantea avec dans les yeux une flamme d'espoir.

"Pouvez-vous m'aider ?"

La reine sen’yo désirait poursuivre cet entretiens dans un endroit plus intime. Le gouverneur jeta un regard aux gardes tenant compagnie à cette dernière. Il lui pris le bras et l’entraîna dans un salon annexe à la salle de réception.

« Venez, suivez moi. Nous serons mieux dans ce petit salon. »

Il s’assit sur une banquette confortable et pleine de coussins, tandis que la fée se posta prés d’une fenêtre. Elle lui présenta la situation, lui expliquant qu’elle voulait essayer de se souvenir, pour enfin lui demander de l’aide.

« Ma pauvre petite ambassadrice ! Vous voilà dans une situation assez cauchemardesque. Vous ne vous vous souvenez absolument de rien ? » Il se leva et s’approcha de la petite reine, puis osa le geste impertinent de lui caresser la joue. « Je verrai ce que je peux faire pour vous, joli petit papillon… Mais vous, que ferez vous pour moi ? »

A ce moment là, un domestique eu la mauvaise idée d’entrer afin de venir déposer des rafraîchissements. Il eu tôt fait de s’éclipser, mais bon…

« Vous désirez un rafraîchissement ? » Il s’éloigna vers le plateau de thé glacé et se servit deux verres. Il se retourna et en tendit un à la jeune femme.

« Votre intuition vous a guidé ici, mais avez vous d’autres pistes ? »

Eléa n'eut pas vraiment le temps de réagir car à l'instant où le Gouverneur terminait sa phrase et où elle se retournait brusquement, un domestique entra.
Le jeune Reine changea d'attitude du tout au tout, deux choses avaient particulièrement retenu son attention : l'impertinence du prince et... Ce surnom...
Arkam lui proposa un verre auquel elle ne jeta pas un regard. Quel effronté...

"D'autres pistes..."

Elle jeta un regard noir au prince avant de continuer.

"En effet, mes conseillers ont déployé plus d'énergie que d'habitude à m'empêcher de venir ici, c'est donc qu'il s'y est passé quelque chose d'important qu'ils veulent que je ne retrouve pas... Des rêves, des certitudes, rien de tangible en fait. Mais après être allée sur Ända, Samna, Samaeria, et Nilmë sans succès, je pense que Fìrimar est un endroit bien indiqué à mes recherches."

Elle se tut, marqua une pause et envoya un sourire forcé au prince devant elle.

"Bien, je me vois dans l'obligation de prendre congé de vous puisque je me sens éprouvée par ce long voyage."

Elle s'approcha du prince et se hissa jusqu'à son oreille afin de lui murmurer quelques mots.

"Vous savez... Je suis prête à beaucoup de chose pour retrouver la mémoire, mais certainement pas à perdre ma dignité. Ne recommencez pas ce genre de petite effronterie, vous risqueriez de le regretter lourdement..."

Elle s'écarta de lui et se dirigea vers la sortie.
Elle savait pertinemment qu'elle se trouvait en position de faiblesse dans cette ville et même dans cette partie du pays, mais elle se trouvait en compagnie de ses deux meilleurs soldats qui avaient une grande pratique de la magie militaire, et elle se savait plus ou moins en sécurité.
Elle voulait éviter l'incident diplomatique et ne pas avoir à entrer dans des discussions politiques. Elle avait donc mis fin à cette entrevue rapidement, se sachant irritable à cause de la fatigue du voyage et capable d'envoyer une boule de lumière en plein visage du Gouverneur sans aucun remord si celui-ci se montrait trop... démonstratif ?

Cependant elle n'oubliait pas comment il l'avait appelée. Des milliers de questions se pressaient dans son esprit. Etait-ce lui qui lui avait donné ce surnom ? Si oui, pourquoi ? Qui avaient-ils été l'un pour l'autre ? Si non, qui ? Etait-ce une marque d'amitié ? Ou plus ? Etait-ce une simple coïncidence ? Elle aurait voulu lui poser ces questions, mais elle n'osait pas, ne voulant pas provoquer ces "élans d'affection" qu'avait le prince.

Il reposa le verre de thé qu’il voulait offrir à l’ambassadrice. Apparemment son petit geste n’avait pas plut et la petite fée avait l’air maintenant sur les nerfs. Et la voilà qui lui jetait un regard noir. Qu’allait elle imaginer ? Qu’il désirait passer la nuit auprès d’elle ? Ridicule ! Certes, il savait que son geste serait sans doute interprété de cette façon et c’est bien pour cela qu’il l’avait délibérément commis. Mais, bien que la jeune femme soit désirable, il n’avait aucune envie de faire cela avec elle. Non mais il était pas suicidaire non plus et n’avait aucune envie qu’Alec le tue. Puis, il connaissait aussi le tempérament de la petite et savait qu’elle ne s’offrirait pas si elle n’éprouvait rien pour son amant. Il n’avait aucune envie non plus de vivre une histoire sentimentale.

« Les efforts de vos conseillers se trouvent bien vains puisque vous êtes ici maintenant. Mais ils avaient raisons de redouter votre venue ici. Qui sait ce qui pourrait vous arriver sur ces terres inamicales ou quelle dangereuse rencontre vous pourriez faire... »

Il répondit à son sourire forcé, par un sourire éclatant et un rien carnassier. Elle avait des progrès à faire en ce qui concernait ce genre de sourire. Il se releva quand elle voulu prendre congé. Elle vint alors confirmer ses pensées précédentes.

« Ma petite effronterie ne vous à pas plue ? J’en suis navré. Mais sachez que j’ai d’autres soucis à me préoccuper avant de vous proposer ma couche. Vous êtes certes désirable, mais il ne faut pas exagérer non plus ! »

Il s’écarta, l’air impassible et odieusement froid.

« On va vous conduire à la chambre qui à été spécialement préparée pour vous. J’espère que vous trouverez l’hospitalité agréable et goûterez à un repos bien mérité. Voulez vous dîner en ma compagnie où préférez vous rester à l’écart de la vie du palais pour ce soir ? »

Eléa ne réagit pas à la seconde effronterie du prince. Elle resta impassible, cachant au mieux sa colère. Elle savait que si cela continuait ainsi, ils n'arriveraient jamais à avancer.
Elle réfléchit rapidement à la proposition d'Arkam.

"Je dînerai avec vous, cela serait dommage de me priver d'une compagnie telle que la vôtre." dit-elle avec un très légère pointe d'ironie. "A ce soir."

Elle salua le prince d'un mouvement de la tête et alla se reposer dans sa chambre.



Elle se prépara pour le soir.
Elle passa une robe noire, qui lui moulait le corps, décolleté devant, les deux côtés de son col formaient deux bandes de tissus qui passaient derrière elle et étaient laissées là, pendant dans son dos, nus, jusqu'en bas de celui-ci. La robe était fendue sur sa jambe droite. Elle n'avait à son cou que sa citrine, et n'avait aucun bracelet, ses bras étaient nus. Elle avait mis des escarpins noirs, vernis et avait relevé ses cheveux dans un chignon complexe. Elle portait un diadème en or blanc où étaient incrustés perles, diamants et saphirs noirs. Elle avait de grands anneaux d'or blanc à ses oreilles et une ceinture en or, une chaînedont le bout, orné d'une perle, pendait sur sa gauche.
Elle était tout simplement resplendissante, lumineuse malgré la dominante noire de sa tenue.

Elle fût conduite dans la salle de réception auprès d'Arkam.

"Bonsoir Prince. La Dame de Compagnie que vous m'avez assignée est d'une grande gentillesse et elle a de l'esprit, je suis heureuse de l'avoir." dit-elle, pour remercier de l'accueil en quelque sorte.

Elle ne voulait pas vraiment le remercier directement aux vues des effronteries de celui-ci en début d'après-midi. Elle chippa un raisin à l'énorme grappe du banquet, comme pour se rafraîchir et inspira.

"Bien ! Pouvons-nous commencer les présentations ?" fit-elle avec un sourire éclatant.

Le reste de l’après midi se passa dans le calme et la chaleur accablante pour le gouverneur Atalantea qui s’isola dans ses appartements. L’arrivée d’Elea le forçait à se remémorer une partie de sa vie quelque peu lointaine et qu’il avait préféré tenir loin de son esprit. L’arrivée de la reine Sen’yo n’était pas seule en cause, le fait que Leyna soit elle aussi de retour n’arrangeait pas son état d’esprit. Il se laissa aller quelques heures à la mélancolie d’un temps révolue, puis alla se baigner et se préparer pour la réception de la soirée.

Il échangea se tenue noire de l’après midi contre un pantalon blanc crème toujours ample, une chemise de lin très fine de couleur blanche brodée de motifs d’or sur le bas. Sa coiffure fut plus complexe que tantôt, ornée de quelques paillettes et perles dorées. Une multitude de bracelets ornaient ses avants bras dégagés et ses chevilles. Une paire de sandales dorées aux pieds, il afficha un air enjoué sur le visage et se rendit à la salle de réceptions.

La pièce immense semblait bien moins impressionnante que tantôt. Cette impression était rendue par le monde occupant la pièce et la décoration. Luminaires et lampions illuminaient le plafond de la vaste salle, deux longues rangées de tables croulaient sous un véritable festin et une débauche de fruits frais et de fleurs odorantes. Des photophores animaient le tout grâce à un système simple de silhouettes découpées dans du papier. Danseurs, musiciens et moult saltimbanques occupaient l’espace au centre de la salle et se chargeaient de distraire les invités présents. Sur une estrade était disposé une autre table, celle du prince et de son invité.

Lorsqu’Arkam arriva, il ne s’installa pas tout de suite à sa place préférant saluer quelques personnes présentes et en profiter pour les complimenter. Puis se fut au tour de la petite reine Sen’yo d’arriver. Elle fut accueillie par la musique chaleureuse d’un groupe de musiciens eux aussi de la même origine qu’elle. Arkam espérait qu’elle apprécierait ce petit geste. Il se fraya un chemin vers elle et celle ci le complimenta sur le choix de sa dame de compagnie. Leyna sans doute… Il répondit à cela par un sourire éclatant.

Un grain de raisin plus tard, elle voulu se débarrasser des présentations. Et bien, ils allaient avoir fort à faire. Il lui prit le bras et l’emmena rencontrer un groupe de conseillers, puis quelques nobles de la région. Une multitude de riches négociant auraient eux aussi bien aimé être présenter, mais ils y auraient passé la nuit, alors le gouverneur se dirigea vers l’estrade et fit asseoir l’ambassadrice. Puis il s’assit à sont tour. Une fois tout le monde installé et un peu calmé, il se leva, un verre de vin sucré à la main.

« Bonsoir à tous et à toutes. N’ayez crainte, je serai bref. Ce soir nous avons la chance d’accueillir parmi nous une représentante de marque et de charme du peuple Sen’yo. J’espère son séjour parmi nous lui sera agréable et profitable pour nos deux peuples. »

Il s’inclina face à la petite demoiselle et lui baisa la main, avant de se retourner de nouveau vers l’assemblée.

« Bien… Maintenant que la fête commence et que la soirée vous soit à tous agréable ! »

Il leva son verre et en bu une gorgée, avant de se s’asseoir à nouveau tandis que la foule trinquait. Une mélodie joyeuse et entraînante s’éleva dans les airs, mais celle ci se confondait avec le brouhaha ambiant. Il se retourna vers la reine, un doux sourire aux lèvres.

« J’ose espérer que cette petite réception en votre honneur vous plait ne vous fatiguera pas trop. »

Après des dizaines de salutations, de compliments et de baises-mains, elle fut enfin libérée de ses obligations. Elle poussa un léger soupir quand elle put s'asseoir manger quelques grains de raisins juteux. Elle se leva à nouveau quand il la présenta à la salle, offrit son plus beau sourire et remercia Arkam, s'inclinant quand il lui prit la main. Elle se rassit en même temps que lui et prit un verre de vin. Elle but une gorgée, se rafraîchissant. Comme quoi, les présentations étaient vraiment fatiguantes !

« J’ose espérer que cette petite réception en votre honneur vous plait et ne vous fatiguera pas trop. »

"Oh, ne vous en faites pas, j'aime beaucoup les fêtes !" fit-elle dans un sourire.

Elle se leva et tendit la main vers Arkam. Elle appréciait beaucoup qu'il eut fait venir un orchestre venait de son royaume, puisqu'il connaissait forcément les mêmes musiques qu'elle et donc, les danses qu'elle voudrait faire.

"Voulez-vous m'accompagner pour cette danse ? Il serait normal que nous ouvrions le bal !"

Eléa avait toujours aimé danser, et elle excellait dans le domaine. Elle lui prit la main et l'entraîna sur la piste de danse, proposant de commencer par une valse, simple, efficace.
Ils dansèrent pendant plusieurs minutes, chacun appréciant la qualité de danseur de l'autre. D'autres couples se joignirent à eux, remplissant la salle, faisant taire la brouhaha des conversations. Le bal était ouvert.
Ils enchaînèrent plusieurs danses, échangèrent de partenaires.
La jeune Reine dansa pendant près d'une heure quand elle revint s'asseoir à sa table. Elle prit un verre de vin et se servit une assiette de fruits les plus variés. Danser cresait, c'était bien connu, c'est un sport, ne l'oublions pas ! La petite sen'yo avait les joues fort roses et elle s'éventait avec un morceau de papier qu'elle avait trouvé sur la table. Sa coiffure était légèrement défaite, mais elle n'en était pas moins belle.
Après s'être reposée, elle demanda au Prince si elle pouvait prendre la scène pour l'instant d'une chanson ou deux. Sans vraiment attendre son feu vert, elle alla sur les planches et demanda aux musiciens de jouer l'air qu'elle avait en tête. Quelques secondes plus tard, le plus grand silence se faisait dans la salle de réception, écoutant cette magnifique Reine chanter de sa voix d'or, captivant l'écoute de tous. Elle chantait l'histoire tragique d'un couple séparé par le destin. Un instant plus tard, elle enchaînait sur une chanson beaucoup plus gaie, racontant cette fois l'histoire de retrouvailles entre une mère et son enfant. Quand elle se tut, il y eut un flottement dans la salle, puis des acclamations et une explosion d'applaudissement.
Eléa se leva, sourire aux lèvres et salua la foule avant de retourner à sa place, boire une verre de ce vin délicieusement sucré.

Arkam après avoir ouvert un bal improvisé, car il s’agissait là d’une simple réception et non d’un bal au sens propre, observa le petit manège d’Eléa. Elle n’avait pas vraiment changé, toujours aussi insouciante. L’entendre chanter fut une véritable épreuve pour lui, cela lui remémorait tellement de souvenirs dont il aurait préféré se passer… Puis son regard balaya l’assemblé distraitement, jusqu’au moment où il tomba sur un visage qui ne lui disait rien qui vaille. Soudain, il blêmit quelque peu quand il constata que l’homme parlait avec un fidèle partisan de son père et que ceux ci semblaient parler de la Sen’yo. Mais quel idiot il était ! En chantant ainsi, elle ne faisait pas que réveiller le souvenir de sa présence passée chez lui, mais aussi chez tous ceux qui l’avait déjà rencontré la fois précédente. Qu’elle inconsciente !

Maintenant, la petite reine revenait à sa place, mais le mal était sans doute déjà fait. Que pouvait il faire pour rattraper cette erreur ? Pas grand chose en ce moment même, à moins que… Il se concentra sur le cerveau des deux hommes qu’il avait surpris et y sema la confusion avant de modifier l’information qu’il ne voulait pas voir filtrer en dehors de son palais. Mais qui d’autres dans la foule avait pu reconnaître la reine ?

Une fois que ceci fut exécuté, Arkam se tourna vers son ôte lui souriant agréablement, tout en attrapant une fraise et en croquant dedans.

« Puis je vous demander à quoi vous jouez ? Tenez vous à ce point à ce que tout le monde connaisse votre identité ? » Il avait prononcé cela d’une voix basse, sur un ton sec mais sans se départir de son sourire.

Il détestait les complications. Et des complications, la petite reine Sen’yo lui en promettait quelques unes là…

Cela faisait des heures qu'elle faisait des aller-retour cuisines/salle de réception. Elle n'en pouvait plus, ces chaussures à talons lui faisaient terriblement mal aux pieds. Elle profita d'un instant de répit pour les enlever et son regard se leva vers l'horloge. Oups ! Alec allait attendre si elle ne se dépêchait pas. Elle allait remettre les chaussures quand elle soupira et fonça vers la salle bondée.
Sa petite robe noire spéciale "je fais le service, mais je suis bien habillée" la faisait se fondre dans la masse. La robe était simple, un ruban sous sa poitrine faisait un noeud dans son dos et de petites bretelles la faisaient tenir. De fausses perles attachées entre elles à des espaces réguliers autour d'une chaîne d'argent formaient un serre-tête et sa chevelure attachée en queue de cheval, formant une cascade ondulées de cheveux d'ébène. Simple, efficace, neutre, parfait pour ce qu'elle voulait faire.
Elle s'était donc approchée de la table d'Eléa et Arkam, pas trop près, mais suffisamment pour entendre. Elle avait écouté Eléa chanter, prise d'une vague de souvenirs. Elle avait grimacé en se disant qu'on pourrait se souvenir d'elle sans en être proche, une si belle femme qui chante si bien, ce n'est pas si courant.
Elle avait laissé Arkam parler et s'était interposée avant que la Reine ne réponde.

"Bonjour ma Dame, chère ambassadrice, j'aimerai vous proposer mon aide, vous êtes décoiffée."

Elle attendit patiemment qu'Eléa se lève et elle la laissa partir devant.

"Arkam, j'ai une bonne nouvelle pour toi, je viendrais te voir après la fête dans ton bureau, ce ne sera pas long." lui souffla-t-elle à l'oreille avant de s'éclipser, suivant la jeune sen'yo.

"Comment ?"

Elle allait faire une réponse plus ou moins cinglante, mais elle fut interrompue par Leyna, sa Dame de Compagnie.

"Bonsoir Leyna. Oh, euh, d'accord..." >.>"

Elle s'en fichait un peu mais elle voulait prendre l'air, elle adorer faire la fête mais elle avait chaud et rien ne serait meilleur qu'un peu d'air frais sur son visage.
Elle sourit à la demoiselle et se leva. Elle se pencha cependant vers le Prince.

"Si vous m'aviez prévenue que j'étais déjà venue ici, cela ne serait peut-être pas arrivé. Vous voulez attendre pour m'en dire plus ? Soit, j'attends, mais je ne me souviens plus de ce que j'ai fait ici, donc pas la peine de me sermonner, je n'y suis pour rien. Nous nous verrons demain pour voir ce que vous voulez en échange de cette partie de ma vie."

Elle se redressa et fit un autre sourire à la jeune femme qui l'accompagnait. Elle avait cependant à l'esprit qu'elle était non seulement venue ici, mais que l'on pouvait se souvenir d'elle, et qu'elle était donc "connue" ici. Elle sourit et attendit Leyna.
Elles passèrent par la chambre d'Eléa qui se fit recoiffer, et remaquiller. Leyna lui proposa une promenade au bord du lac, chose qu'elle ne refusa pas pour la bonne raison qu'elle avait encore chaud. Elles allèrent donc dans le parc, direction le lac.

[Jardins]

Complications, toujours des complications ! Bon ! Il faudrait mettre tout cela au clair plus tard, mais avant tout il fallait qu’il découvre ce que tramait Leyna dans son dos. Il réfléchit un moment avant de songer au passé… Non ! Elle n’avait quand même pas réussie à amener Alec jusqu’ici ?! Le gouverneur se concentra et ressentit effectivement une légère aura qui aurait pu être son frère. Mais il y avait tellement de monde en ce moment et Alec n’était pas stupide au point de ne pas essayer de camoufler sa présence ici, s’il était vraiment ici.

Il lança un regard lourd de soupçons à Leyna avant qu’elle ne disparaisse. Il ne pouvait pas quitter comme ça la réception, mais il ferait une exception pour ce soir. Il quitta discrètement la salle de réception en direction d’un coin plus tranquille. Il n’avait pas envie de se prendre la tête avec la reine Sen’yo et son frère pour l’instant. Quoique l’envie de les taquiner lui paraissait assez distrayante. Mais avant tout, il tenez à savoir ce que voulait lui dire Leyna.

[vers son bureau]